Un roman passionnant. Erudit. Écrit par un passionné de tout.
De philosophie, des grands peintres, des voyages, de la poésie, de la musique, des chansons, du théâtre. Et j’en passe !
Pol-Serge Kakon est un touche à tout génial. Son talent, c’est de faire voyager à travers toutes ces cultures. Il se paie même le luxe d’écrire ce roman avec un titre énigmatique et une intrigue policière incroyable ! On y reviendra. Adolescent, Pol-Serge était déjà un enfant rebelle. Il chantait, jouait la comédie, entendait les chansons de Brassens, de Trénet, des mots venus d’ailleurs – normal il né est à Mogador (aujourd’hui Essaouira) – ou se côtoyaient juifs, musulmans, espagnols, anglais, portugais, caravaniers ou maris.
Un foisonnement de langues qui lui donnent le goût des voyages. Il devient un “homme du monde”, un pèlerin ouvert à toutes les aventures. Une expérience du Kibboutz ou il a appris la vie communautaire, le travail aux champs, plus tard, les idées et leurs contradictions.
Retour en France. Il s’imprègne des chansons, des cabarets de Montmartre, des poètes, Aragon, Prévert et tant d’autres qui le conduisent à fonder le “Bateau Ivre”! Ah ! Quelle merveille ce “bateau ivre” ! Tenez-vous bien ! A deux pas de la Contrescarpe, c’était le haut lieu de la poésie et de la chanson. On pouvait entendre des poèmes de Villon, Verlaine, Rimbaud. Ah ! ce “bateau Ivre” qui a fait les belles nuits des amoureux de la poésie. On y venait du monde entier pour écouter des chanteurs, des auteurs, des musiciens, des poètes, des humoristes , tous réunis autour de qui ?… de Pol- Serge Kakon ! Une légende ce Pol-Serge Kakon ! Et voilà qu’il se met maintenant au roman. Le 6e !
Il y raconte le parcours d’un certain Jack J. Minkovski dont les parents, Micha et Sonia, peintres ont été déportés à la suite d’une dénonciation. Le petit Jack, alors âgé de 5 ans, est élevé par deux “Justes” qui ont connu ses parents, Robert, poète et viticulteur, et Hélène,peintre.
Le petit Jack, bien sûr, s’attache, à ses parents adoptifs. Mais à son parrain, Socrate, un peintre, qui vit dans la maison familiale, La Palombière. C’est là, qu’ils apprennent l’existence d’un portrait de Sonia, la mère de Jack, peint sur la terrasse de la Rotonde, à Montparnasse, et volé dans l’atelier de ses parents, le jour de leur arrestation. Et peint par qui ? Par Modigliani en personne ! Jack et Socrate décident alors de partir à la recherche de ce tableau, en enquêtant parmi les peintres de l’école de Montparnasse, la plupart juifs comme Chaïm Soutine, Jules Pascin, Emmanuel Mané-Katz, Marc Chagall, Michel Kikoine, ou Amedeo Modigliani.Comment vont-ils le retrouver ?
L’intrigue policière est tout à fait passionnante. Entre temps, Pol-Serge Kakon en profite pour nous initier à la philosophie juive, par l’intermédiaire de Socrate, ancien résistant et prof de philo, qui instille à Jack, la pensée du “Tikoun Olam”, en hébreu, “la réparation du monde”, C’est un concept issu de la littérature juive, recouvrant en grande partie la conception juive de la justice sociale. Plus simplement, le monde est comparé à un vase brisé, et il appartient à chacun de nous de le réparer. Ainsi se répare petit à petit le monde.
Enfin, le titre du roman ? Pourquoi ce titre énigmatique “La vie rouge coquelicot” ? Parce que la vie est rouge comme un coquelicot, le jour seulement, il s’ouvre, il tend les bras au soleil, mais la nuit, c’est autre chose, il se recroqueville et finit par se faner. . En fait, la vie nous fait des promesses qu’elle ne tient pas toujours. Le livre se termine par ces quelques lignes :”Allez savoir si c’est pour ça que la vie est rouge coquelicot le jour et si honteuse à la tombée du soir ? La vie comme elle vient, que l’impudence du bonheur de cet instant voudrait que je remercie du sanglot cloué au fond de la gorge. Demain il fera jour;”
Je vous avais prévenu : ce livre de Pol-Serge Kakon est l’érudition même ! C’est un bouillon de culture ! Qui nous fait tout découvrir : la peinture, la poésie, la chanson, la philosophie, le tout à travers un roman passionnant avec une intrigue policière haletante ! N’oubliez pas son nom : Pol-Serge Kakon ! Un grand Monsieur ! Bravo l’artiste ! AC